Un mouvement municipal féministe doit placer les soins au centre : un appel à la pleine participation des femmes à la sphère publique

Un mouvement municipal féministe doit placer les soins au centre : un appel à la pleine participation des femmes à la sphère publique

Alors que nous entrons dans la phase de récupération de la pandémie, la nécessité de favoriser la participation des femmes à la prise de décisions est devenue encore plus urgente, tout comme celle de repenser le type de priorités à placer au centre du débat politique et social. Repenser la future « normalité » nécessite de redéfinir les priorités envers les personnes, la planète et le gouvernement.

La session d'ouverture des Journées des gouvernements locaux et régionaux a abordé l'importance du leadership local féministe, et de la participation des femmes à la sphère publique et à la prise de décisions. La transformation, comme l'ont rappelé les participant·e·s, nécessite d’inclure plus de femmes dans la prise de décisions mais aussi de mener des politiques féministes qui placent les soins en leur centre.

« Notre mouvement municipaliste féministe croit en la collaboration entre les villes, en la force du municipalisme, de la proximité, et au pouvoir de la diplomatie des villes comme outil transformateur et solidaire pour atteindre l’avenir que nous voulons. » Ada Colau, maire de Barcelone, envoyée spéciale de CGLU auprès des Nations unies et pour l'Agenda 2030.

Le mouvement féministe va au-delà du leadership : la stratégie renouvelée de CGLU en matière d'égalité des genres appelle à encourager les activistes qui peuvent amener le mouvement à de nouveaux sommets. De jeunes activistes du mouvement municipal féministe, Prachi Metawala, Claudia García, Julia Munroe et Paloma Labbé ont posé aux maires des questions sur la prochaine génération du mouvement, sur ce qu'impliquent les villes féministes, sur le rôle des hommes dans la conversation sur le féminisme et la violence de genre, et sur ce que signifie réellement le fait de placer les soins au centre.

Les participant·e·s ont répondu par des mesures concrètes pour définir ce qu'implique le mouvement municipal féministe. La maire de Barcelone et envoyée spéciale de CGLU, Ada Colau, a plaidé pour la nécessité de briser la hiérarchie intergénérationnelle des mouvements féministes et l'importance de créer des bureaux dédiés aux questions féminines pour pouvoir faire du féminisme une question transversale, notamment dans la planification et la budgétisation. Carola Gunnarsson, maire de Sala et vice-présidente de CGLU pour l'Europe, a plaidé pour la nécessité de soutenir les jeunes femmes et les filles afin de renforcer leur participation politique. Le besoin de travailler d’une façon holistique et de prendre des mesures concrètes pour faire avancer les droits des femmes dès leur entrée en fonction a été identifiée comme critique par María Fernanda Espinosa, conseillère CGLU-UBUNTU et membre du Comité de pilotage multipartite de Génération Égalité.

Enfin, Sabine Freizer, cheffe du leadership et de la gouvernance à ONU-Femmes, et Ana Falú, conseillère CGLU-UBUNTU, ont toutes deux abordé la question de savoir ce que signifie réellement le fait de placer les soins au centre des préoccupations, en veillant à ce que les soins soient entrepris par les hommes et les femmes, en surmontant les constructions et les stéréotypes fondés sur le genre, et en expliquant que les soins exigent également de prendre soin de la nature, de la communauté et de l'organisation sociale. Annie Chrystel Iwenga, adjointe au maire de Libreville, a partagé ce sentiment en faisant valoir que les soins, du point de vue d'un mouvement municipal féministe, incluent de prendre soin de la ville elle-même.

La deuxième partie de la session a été consacrée à la célébration des dix ans du REFELA, le Réseau des femmes élues locales d'Afrique, qui s'est imposé comme une partie intégrante du mouvement municipal féministe international œuvrant à la réalisation de sa vision d'une Afrique locale paritaire, inclusive et sensible au genre, engagée à faire de l'égalité des genres et de l'autonomisation des femmes dans la prise de décision locale une réalité effective sur le terrain et à promouvoir l'égalité des genres et la réalisation de l'ODD 5.

Macoura Dao Coulibaly, maire de Foumbolo et présidente du REFELA, a exposé la mission du REFELA de rassembler les femmes maires et élues locales et d'œuvrer pour une Afrique locale inclusive, alignée sur la vision 2063 de l'Union africaine. Fatimetou Abdel Malick, présidente du Conseil régional de Nouakchott et coprésidente du Conseil politique de CGLU sur les villes résilientes, a soutenu qu'il faut aller au-delà de la volonté politique, et mener un travail de plaidoyer et accompagner les femmes pour qu'elles soient présentes dans les mécanismes décisionnaires.

En clôture de la session, des femmes maires du monde entier ont exposé les priorités du mouvement des gouvernements locaux et régionaux, et la manière dont les expériences politiques et personnelles s'entremêlent. Madelaine Alfelor, maire d'Iriga et trésorière de CGLU, a plaidé pour la nécessité de surmonter les barrières structurelles en prenant les décisions de manière holistique et par le biais de mécanismes inclusifs. Citlali Medellín, maire de Tamiahua et présidente du réseau latino-américain des femmes municipales de FLACMA, a exposé la mission du réseau, qui consiste à faire en sorte que davantage de femmes prennent le pouvoir en Amérique latine en tant qu'agents du changement, et à développer les mécanismes adéquats pour autonomiser les femmes.

Wobine Buijs-Glaudemans, maire d'Oss, a fait valoir la nécessité pour les femmes maires d'agir comme des modèles pour les femmes et les filles afin de favoriser leur inclusion dans la prise de décisions dès le départ et d'établir des mécanismes directs de communication avec les jeunes, notamment par l'éducation. Pour assurer cette participation, la maire de Sala, Carola Gunnarsson, a également appelé à transformer le travail de soins et à faire en sorte qu'il soit reconnu et ne retombe pas uniquement sur les femmes.

En conclusion de la session, il a été rappelé que la déclaration des gouvernements locaux et régionaux à la CSW appelait à une compréhension plus approfondie du rôle des gouvernements locaux et régionaux dans l'égalité des genres, afin d'alimenter une approche stratégique plus large de la mise en œuvre des objectifs définis dans l'Agenda 2030 pour le développement durable, y compris l'Objectif de développement durable 5. Les participant·e·s ont également souligné les liens importants entre la vie personnelle et la vie publique, et la façon dont nous ne pouvons comprendre l'implication dans la sphère publique que si nous comprenons les citoyen·ne·s comme des voisin·e·s, comme des personnes qui nous sont proches.

La journée s'est terminée par une session officielle de la CSW65 sur le thème « Construire des alliances pour la participation pleine et effective des femmes dans la sphère publique ». Modérée par la secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, la session a abordé l'importance de l'inclusion et de la collaboration entre les communautés, les parties prenantes et les générations afin de réaliser un changement transformateur pour les femmes et les filles et de favoriser un avenir non discriminatoire.

« Les réseaux de femmes sont essentiels pour faire l'alliance entre les organisations de la société civile et les représentant·e·s politiques, pour rechercher l'intersectionnalité, pour assurer l'inclusion des LGBTI et des jeunes dans les mouvements féministes et pour construire la participation de bas en haut, avec le niveau local au cœur de notre action. »