Les gouvernements locaux et régionaux appellent à la mise en œuvre du programme mondial de recherche sur les villes et le changement climatique lors de la Conférence CitiesIPCC

Du 5 au 7 mars 2018, la conférence CitiesIPCC Cities and Climate Change Conference a eu lieu à Edmonton, Canada. La conférence qui s’est déroulée pendant trois jours, a rassemblé des scientifiques, des décideurs et des praticiens dans le but de délimiter le futur champ de la recherche axée sur la science des villes et du changement climatique et  faire ainsi progresser la compréhension sur le changement climatique au niveau mondial.

CitiesIPCC a marqué une étape importante car pour la première fois, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), principal organisme international d'évaluation de la recherche liée au changement climatique, a mis l'accent sur le rôle des villes dans la lutte contre le changement climatique. La conférence a contribué à améliorer la compréhension des effets du changement climatique au niveau urbain et à mettre en évidence le rôle vital des villes et des gouvernements locaux et régionaux dans le processus d'adaptation et d'atténuation. 

La conférence a débuté le 5 mars en lançant un appel mondial à la coopération. Lors d'une conférence de presse, Don Iveson, maire d'Edmonton, Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, Shannon Phillips, ministre de l'Environnement et des Parcs de l'Alberta, Catherine McKenna, ministre de l'Environnement et des Changements climatiques du Canada, Hoesung Lee, présidente du GIEC et Shobhakar Dhakal, chef du Département de l'énergie et de l'environnement de l’institut de Technologie asiatique pour le Changement Climatique de Thaïlande a appelé à la mise en place d'un programme de recherche concerté et mondial qui permette aux villes du monde entier de mettre en œuvre des solutions fondées sur des connaissances scientifiques, techniques et politiques. 

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La journée qui a suivi la séance plénière sur les émissions urbaines, les impacts et les vulnérabilités a été présentée par Debra Roberts, directrice du Département de la planification environnementale et de la protection du climat de la municipalité eThekwini (Durban), qui a mis l'accent sur le rôle des praticiens urbains. « Si nous voulons vraiment protéger des milliards de personnes dans le monde, la science du changement climatique est un nouvel outil essentiel pour les praticiens urbains du XXIe siècle. Le défi pour le praticien urbain est d'être un agent de changement pour répondre aux besoins de la ville du futur » a-t-elle ajouté.

La responsabilité des réseaux de collectivités locales et régionales pour aider à comprendre les données scientifiques a également trouvé un écho dans la salle. Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU a souligné dans son discours la nécessité pour la communauté scientifique d'aider les gouvernements locaux et régionaux à identifier les politiques clés qui définiront un nouveau modèle de gouvernance. Emilia Saiz, a invité les participants à montrer non seulement le coût de l'action des collectivités locales et régionales face au changement climatique, mais aussi le coût de nos politiques, et a souligné que « la réduction des émissions urbaines de GES exige de nouvelles idées, de nouveaux outils financiers et de nouvelles façons de fournir des services. Le débat sur les changements climatiques a été un grand facteur d'égalité dans le Nord et le Sud de la planète. Notre objectif, en tant que collectivités locales et régionales, est de nous rapprocher dans ce dialogue et de redéfinir la manière dont nous concevons les villes. »

Pour sa part, Stephany Uy Tan, maire de Catbalogan, aux Philippines, s'est concentrée sur l'éducation et a déclaré que « les jeunes générations sont celles qui s'occuperont des changements climatiques. Il est essentiel de mettre l'accent sur l'éducation pour faire prendre conscience de ses enjeux. »

Edmonton, un point de repère pour la coopération

Il doit y avoir un dialogue structurel entre la communauté scientifique, les décideurs politiques et les praticiens urbains. Les réseaux de collectivités locales et régionales, en tant que CGLU, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le déficit de connaissances et les malentendus entre la communauté scientifique et le niveau politique. 

La Conférence CitiesIPCC a été un moment sans précédent offrant un espace de dialogue, non seulement entre la communauté des chercheurs, les praticiens urbains et les décideurs politiques, mais aussi entre les réseaux de gouvernements locaux et régionaux. 

Le dernier jour, les principales organisations gouvernementales locales et régionales -UCLG, C40 et ICLEI - ainsi que Cities Alliance, Future Earth, Sustainable Development Solutions Network (SDSN), le Urban Climate Change Research Network (UCCRN), le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC) et deux agences des Nations Unies (ONU-Environnement et ONU-Habitat) ont publié la déclaration conjointe: La science dont nous avons besoin pour les villes que nous voulons: travailler ensemble à la mise en œuvre du programme mondial de recherche sur les villes et le changement climatique en mettant l'accent sur les villes intermédiaires et les établissements informels

Les partenaires de CitiesIPCC se sont engagés à aller de l'avant et à mettre en œuvre le programme de recherche mondial et à renforcer les partenariats entre les trois communautés pour une recherche plus efficace sur l'action climatique à tous les niveaux de gouvernement. 

« CitiesIPCC a été un parcours unique de collaboration entre toutes les communautés. Les organisations de collectivités locales et régionales ont maintenant la responsabilité d'aider à identifier les principales lacunes de la recherche, en particulier pour les villes de taille moyenne » a mentionné Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU dans son intervention lors de la conférence de presse. 

De même, William Cobbet, directeur de Cities Alliance, a souligné le caractère collaboratif de la conférence en affirmant que « dans quelques années, la conférence CitiesIPCC d'Edmonton sera considérée comme un événement marquant, un événement qui a déclenché une relation vitale entre la communauté scientifique, les maires et les praticiens urbains. Nous devons maintenant concrétiser ce partenariat, fournir les données et les preuves nécessaires pour planifier un avenir à faible intensité de carbone et plus équitable, en particulier dans des milliers de petites et moyennes villes où la croissance urbaine est rapide ».

[Accéder au communiqué de presse ici]

Les établissements informels au cœur du programme de recherche

La journée s'est poursuivie par la session parallèle sur les établissements informels et les économies informelles comme moyens de transformer l'action climatique. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique; William Cobbet, Directeur de Cities Alliance; Sheela Patel, Présidente de Slums Dwellers International; Kabir Arora Coordonnatrice de l'Alliance Mondiale des Récupérateurs de déchets ; Gale Rigobert, Ministre de l'éducation, de l'innovation, des relations entre les genres et du développement durable de Sainte-Lucie et Filiep Decorte, Directeur du Bureau de liaison d'ONU-Habitat à New York, a insisté sur les défis de l'informalité et la nécessité de ré humaniser la ville. 

« La communauté scientifique devrait reconnaître l'innovation qui provient des habitants des bidonvilles. L'atout le plus important que nous avons dans les villes, ce sont les gens et nous devons les voir comme une opportunité de résoudre les problèmes » a expliqué Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique.

Sheela Patel, présidente de Slums Dwellers International, a ajouté: « Il y a beaucoup à apprendre du comportement collectif consistant à impliquer toutes les communautés et à s'entraider. Quand les communautés s'organisent, elles produisent la transformation nécessaire. »

La nécessité urgente de créer une résilience des établissements informels et de mettre les populations au centre des préoccupations a également été partagée par les participants. En ce sens, William Cobbet, Directeur de Cities Alliance, a souligné: « Le premier défi est de mettre les gens au centre des préoccupations des autorités locales sur l'ensemble de la ville et tous les citoyens. Si les colonies informelles occupent  plus de 30 ou 40% de la ville, les autorités municipales doivent repenser toute la ville. » 

Retombées de CitiesIPCC et prochaines étapes en avant

CitiesIPCC a montré un engagement clair parmi toutes les communautés et a renforcé le rôle des réseaux de collectivités locales et régionales en tant qu'acteurs clés dans l'action climatique. Ainsi, il a permis de définir un programme de recherche mondial qui reconnaît les connaissances générées par les acteurs urbains.

En conclusion de la conférence, Don Iveson, maire d'Edmonton, a souligné la nécessité d'éduquer les générations futures sur les enjeux du changement climatique et a déclaré que « lorsque les scientifiques et les villes travailleront ensemble, nous serons en mesure agir au niveau mondial pour lutter contre le changement climatique ».

Il est maintenant temps de passer des propositions aux actes et de concrétiser les prochaines étapes.

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