Il est temps de prendre en compte les femmes élues locales

L’égalité entre hommes et femmes dans la vie politique ne pourra être atteinte que si nous disposons d’outils pour suivre les avancées locales, déclarent Anne Hidalgo,  Mónica Fein, Célestine Ketcha Courtès et Ada Colau

Cet article est une traduction de l’article signé par les femmes maires de Paris, Rosario, Bangangte et Barcelone publié dans le journal El País

Nous sommes fières d’être les premières femmes à avoir été élues maires de Paris, Rosario, Bangangte et Barcelone, respectivement. Cependant, en tant que femmes élues locales, nous savons que nous ne sommes encore qu’une minorité. On peut photographier une réunion de conseil municipal presque n’importe où dans le monde, l’image sera la même : une marée de costumes et de cravates, et quelques visages féminins perdus au milieu. La même chose est vraie à l’échelle mondiale : les sommets internationaux de maires auxquels nous nous rendons sont très largement dominés par la présence masculine.

L’importance des disparités entre les sexes dans la vie politique locale ne doit pas être sous-estimée. En premier lieu, il s’agit d’une question de justice et d’égalité des chances. Les femmes devraient disposer du même droit à participer que leurs homologues masculins, et ce à quelque niveau que ce soit de la démocratie. Si les femmes ne sont pas élues à des postes locaux dans les mêmes proportions que les hommes, c’est une injustice en soi. Nous devons enseigner à nos filles que tous les chemins leur sont ouverts. Nous avons pu constater l’effet de ces exemples, de ces modèles dans nos propres villes.

En outre, nous savons que la diversité est une valeur cruciale. Il a été maintes fois prouvé que des groupes divers prennent de meilleures décisions. Ceci est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de répondre à un enjeu aussi complexe que de gouverner une grande ville. L’expérience des femmes dans presque toutes les dimensions de la vie urbaine – transport, sécurité, culture, économie – est matériellement différente de celle des hommes. Nous avons besoin que les femmes, quelle que soit leur origine sociale, ethnique ou religieuse, partagent leur expérience unique avec les gouvernements locaux afin de pouvoir les inclure et les voir reflétées dans les prises de décisions. 

Enfin, la présence de femmes dans les gouvernements locaux a un effet sur la représentation politique féminine à d’autres niveaux. Les gouvernements locaux fournissent un large éventail de candidat.e.s à des postes nationaux. En d’autres termes, combler les disparités entre hommes et femmes au sein des parlements et parmi les postes exécutifs nationaux dépendra en grande partie de la capacité à éliminer les blocages à l’échelle locale.

Heureusement, la communauté internationale reconnaît de plus en plus la nécessité de garantir la pleine participation des femmes et l’égalité des chances pour l’accès au leadership à tous les échelons. Ce point est même reconnu comme une des cibles du 5e Objectif de développement durable de l’Agenda 2030, la série de 17 objectifs mondiaux adoptés par les Etats membres de l’ONU l’année dernière. L’ODD 5 représente une opportunité sans précédent de positionner l’égalité entre hommes et femmes au cœur du développement. 

Il est encore choquant de constater qu’il n’existe actuellement aucune donnée mondiale sur la proportion de femmes élues locales. Cités et Gouvernements Locaux Unis, l’organisation qui représente les dirigeant.e.s locaux/locales sur la scène internationale, estime qu’on peut compter environ 20% de conseillères municipales et 5% de femmes maires dans le monde. Mais ces nombres ne sont qu’une approximation éclairée, fondée sur l’expérience. Savoir, c’est pouvoir. Nous ne pouvons atteindre l’égalité que si nous savons où nous nous trouvons et si nous pouvons mesurer nos progrès. Des indicateurs mondiaux sur la représentation des femmes dans les collectivités locales permettront d’identifier et de partager des bonnes pratiques, et de cibler le soutien là où il est le plus nécessaire.

C’est pourquoi le 13 mars, les femmes maires du monde entier lanceront une campagne avec ONU Femmes, appelant la Commission statistique de l’ONU à mettre en place des indicateurs mondiaux pour recenser la proportion de femmes élues à l’échelon local. Nous voulons que l’ONU investisse dans des outils de suivi afin de positionner l’égalité entre hommes et femmes au cœur de l’agenda du développement.

Femmes maires, nous sommes prêtes à nous faire entendre et à être prises en compte : #BeCounted. Il est temps pour la communauté internationale de nous inclure pour bâtir ensemble un avenir durable plus juste.

Cet article est une traduction de l’article signé par les femmes maires de Paris, Rosario, Bangangte et Barcelone publié dans le journal El País:

  • Ada Colau, Maire de Barcelone, Co-Présidente de CGLU
  • Anne Hidalgo, Maire de Paris , Co-Présidente de CGLU et Présidente de C40
  • Mónica Fein, Maire de Rosario (Argentine) et Vice-présidente de CGLU
  • Célestine Ketcha Courtès, Maire de Bangangté et Présidente du REFELA (Réseau des Femmes Elues Locale d'Afrique)

Pour plus d'informations visitez le site internet dédiè à la campagne: CGLU appelle à prendre en compte les élues locales pour la réalisation de l’#ODD5 #BeCounted

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